Le blog Au pied du chêne
Au sein de cet article, je vais vous montrer comment j’ai produit mon propre jus de raisins ou moût de raisin avec un pressoir à l’ancienne et les fruits de mon terrain. C’est un dossier aux saveurs succulentes garanties.
À l'origine, notre terrain était cultivé en vigne. Bien que soit produit un immense cru sur ces terres généreuses d’Ardèche devenues les nôtres, la culture fut abandonnée (l’histoire ne pourra malheureusement pas vérifier mes dires sur la teneur exceptionnelle de ce vin). Les sarments furent donc tous arrachés et laissèrent un terrain en friche. Hormis quelques chênes truffiers plantés par mon prédécesseur, la nature retrouva ses droits. Et aujourd’hui, à mon grand plaisir, je retrouve des centaines de pieds « sauvages » de vignes pulluler sur une bonne partie de notre hectare de terre.
Pour la plupart, ils sont tout petits et ne donnent quasiment aucun raisin. Par contre, certains semblent avoir trouvé leur compte et se prélassent au soleil et à la sécheresse alors que les pieds plantés par mes soins arrivent à peine à prendre racine.
Voici mes beaux pieds de vigne avec leurs grappes de raisins noirs et blancs.
J'ai toujours répété aux oreilles patientes de ma femme qu'un jour je réaliserai mon vin. Une partie de moi voulait sans doute explorer une vie de vigneron. La première année, j'ai récolté les raisins dits "sauvages" et j'en ai fait du sirop. C'était à l'époque, avec les moyens du bord, le plus simple à ma portée. Les deux années suivantes, je n'ai rien fait. En même temps, nous étions occupés sur le chantier de notre Tiny House et sur son installation. Je répétais tout de même qu'un jour je produirais mon vin. Entêtés, nous le sommes, ou nous ne le sommes pas !
Et puis cet été, ma femme m’a offert mon rêve (du moins, l’un de mes nombreux rêves), un pressoir ! Enfin, j'avais le premier outil pour réaliser mon propre vin. Malheureusement, entre temps j'avais décidé d'arrêter l'alcool sauf pour de rares occasions. Mon vin sera donc sans alcool ! Et pour tout vous dire, cela me correspond et me convient beaucoup plus.
Le pressoir, ou presse à fruits en personne.
Tout simplement, car la peau du raisin est trop épaisse. Je me trompe peut-être, mais je pense que les raisins de table doivent être arrosés pour avoir une peau si fine, ou cela doit être issu de leur variété. Pour ma part, il s'agit d'anciennes vignes destinées au vin. La chaire est excellente, mais la peau amère. Voilà donc pourquoi je choisis d'en faire du jus.
Certains iront les récolter au supermarché. L’avantage sera de pouvoir en trouver, peu importe la saison (la provenance sera peut-être un peu douteuse). D’autres dans le champ ou le pré de leur voisin ou de leur grand-père. Et sans doute, la majorité récoltera son propre raisin parce que c’est toujours plus agréable à mon sens de récolter ce que l’on sème.
De belles grappes de raisins bien garnies.
En tout cas et pour ma part, ce sera sur mon terrain. J'avais en amont déjà repéré les pieds qui prévoyaient une récolte modeste lors de l'apparition des premières grappes. Arrivés en septembre, les quelques raisins que je dégustais m'annonçaient enfin le cri de la maturité. Il était temps de débuter la récolte et de mettre en musique cette invention exceptionnelle.
Armé de mon chapeau, mon sécateur, et ma cagette j'ai parcouru les zones du terrain où j'avais repéré les meilleurs pieds. Sur chacun, je goûtais le raisin et notais les meilleurs pieds (Je dois avouer en avoir un peu abusé. Certains me donnaient l’impression de manger de réels bonbons caramélisés...). Ainsi, j'essaierai l'année prochaine de les aider un peu. Je leur libérerai un peu d'espace. Je leur offrirai un beau chemin sur lequel évoluer. Et peut-être qu'ils seront ainsi encore plus généreux avec moi.
C'est drôle, car en arpentant le terrain, je faisais aussi un pas en arrière dans l'histoire. Dans une zone je ne trouvais que des raisins blancs aux feuilles de vigne petites et dans les autres, uniquement des raisins noirs aux feuilles beaucoup plus larges et grandes. Il serait donc intéressant que je me renseigne sur les cépages cultivés à l’époque. Les goûts étaient différents pour chacun des fruits. Peut-être que certains sarments étaient issus de semis naturels. C’est même fort probable vu les jeunes pousses que j’ai rencontrées. En tout cas, ce fut un vrai moment de plaisir de partir à la recherche de ces grappes au nectar sucré.
J'adore cette photo ! Une vendange en plein milieu de la journée au soleil.
Bilan de la cueillette, 1kg de raisin blanc et 2,5kg de raisin noir. Pour une année très chaude et sans s'être occupé des pieds, je trouve cela très honorable. Je suis loin de remplir un tonneau, mais le plaisir est là et c'est l'essentiel ! J'espère années après années, améliorer ce résultat. La récolte faite, nous entrons maintenant dans le sérieux. Retirez vos chaussures, sortez votre plus belle manucure, nous allons piétiner du raisin !
Tout d’abord, faisons un petit tour du propriétaire afin de voir ce que compose un pressoir ou presse à fruits selon les appellations.
Barre d’acier
Assiette de pressage en bois
Vis
Barre transversale en bois
Entretoise en nylon
Planche de pressage
Tige filetée
Filet de remplissage
Socle et collecteur de jus
Cage de pressage
Ma presse à fruit était fournie avec un sac de remplissage pour incorporer les fruits dedans. C’est plus pratique pour récupérer le marc à la fin. Il s’agit d’un petit filet en nylon ouvert en grand d’un côté et avec un petit trou de l’autre côté afin de faire passer la tige filetée. Les photos ci-dessous vous montrent l’assemblage final. À ce stade, il ne vous reste plus qu’à incorporer vos fruits. J’ai aussi installé un récipient, une casserole, afin de recevoir le doux breuvage. Un saladier, un bol, un sceau, du moment que votre contenant n’est pas percé et passe sous le bec verseur, tout peut faire l’affaire.
La presse à fruits parée à recevoir la récolte.
Vient l’étape du remplissage. Rien de bien sorcier, il suffit de déposer les raisins tels que ramassés directement dans le filet puis de le refermer un peu comme on peut. Ne vous ennuyez pas à retirer les raisins des tiges. Ce n’est pas utile à mon sens, sauf si vous voulez optimiser votre rendement. À ce sujet, la notice de mon ustensile mentionnait de devoir broyer les fruits avant de les mettre dedans. Et bien... J’ai testé sans. Je vous donne mon avis à la fin de l’article.
Pour ma part, j’utilise du raisin peu abimé. Vous pouvez bien évidemment utiliser vos fruits abimés que vous ne souhaitez pas consommer en raisin de table par exemple. Cela vous permettra de rentabiliser pleinement le travail produit par vos plants.
Quel plaisir j’ai eu à disposer mes raisins !
Heureusement, avec cet appareil inutile de devoir user de ses pieds. Par contre, il va falloir vous armer d’un peu de force. Tout d’abord, il faut placer les éléments comme suit :
Assiette de pressage en bois
Barre transversale en bois
Planche de pressage
Entretoise en nylon
Vis
Barre d’acier dans la vis
Puis c’est parti pour faire tourner la barre. Ne faites pas comme moi et pensez bien à mettre l’entretoise blanche en nylon entre la planche de pressage et la vis. Vous n’abimerez pas cette belle peinture rouge et vous vous éviterez des efforts inutiles. Au bout d’un moment, il fut nécessaire pour moi d’ajouter des morceaux de bois pour surélever la vis. Si j’avais eu plus de raisin, j’aurais pu les ajouter pour apporter plus de volume. J’ai donc récupéré quelques chutes de douglas de ma terrasse fraichement terminée pour reprendre le pressage. Il fallut attendre quelques tours, mais à un moment le jus apparut enfin. J’ai été tout de suite surpris par sa clarté. Nous ne récupérons réellement que le jus du fruit. C’est fascinant de simplicité cet outil... Au passage, j’ai dû surélever l’arrière du support afin que le jus coule plus facilement dans ma casserole.
Les premières gouttes du saint nectar.
À partir de maintenant, il faut sortir les biceps. La barre commence à forcer et on le sent. Je n’avais pas fixé le support à ma table et à l’avenir je le ferai. Je pense aussi que de broyer les fruits avant permettrait de moins avoir à forcer sur la barre. Les tiges de grappes font à un moment donné obstacle vu qu’elles ne peuvent pas être écrasées comme une crêpe... Toujours est-il qu’au final, j’obtiens environ 1,5 litre de liquide pour 3,5 kilogrammes de fruits. Le rouge est intense et à la fois trouble. Ça sent vraiment le jus cent pour cent naturel tout cela ! Je me suis retenu de le goûter. Oui, sinon je n’aurai jamais rangé tout ce bazar. Je me serai jeté sur un gouter bien mérité.
Regardez-moi la belle robe de ce jus de raisin pressé à l’ancienne.
Maintenant que le gros du travail est fait, il faut retirer les éléments de bois pour libérer le marc de raisin. C’est là où le sac est pratique, car j’ai pu tout récupérer d’un seul coup sans en mettre de partout. J’ai ensuite déposé le marc dans mon compost. Il peut aussi être utilisé pour nourrir certains animaux, faire de l’engrais naturel ou pour parfumer son fromage. Je note cette dernière idée dans un coin de ma tête...
Le marc de raisin sorti du pressoir et bien emballé dans son filet en nylon.
Cela tombait bien, mes parents et ma cousine venaient me rendre visite l’après-midi. Je les soupçonne de l’avoir fait exprès, car ils ont pu profiter d’un gouter magnifique. Ma femme avait laissé dans le frigidaire un caramel beurre salé maison et mon moût de raisin avait atteint la parfaite température de fraicheur. Nous avons donc profité de ces moments de simplicité qu’offre la vie autour d’abord d’un verre pur de jus de fruits puis d’un verre de moût avec un peu de limonade. Le jus était parfait, les aromes, l’odeur, la texture, la sucrosité, tout y était. Il avait un vrai goût de nature ce jus.
De la mise en bouteille au cocktail.
Je dois vous avouer avoir pris un plaisir fou à réaliser ce premier essai avec ce beau cadeau offert par ma femme. Elle a du nez, je vous le dis. Au-delà de la dégustation qui est en réalité une finalité, le réel plaisir pour moi fut de réaliser toutes les étapes. Récolter son raisin, le goûter, le disposer pour le presser, prendre des photos en prévision de cet article, voir le résultat arriver au gré des efforts, tout cela vous procure, en tout cas pour moi, une réelle nourriture intérieure. Me viennent maintenant plein de nouvelles idées. La saison des poires vient de débuter chez la productrice voisine. Je peux vous dire que je vais filer dès son ouverture lui en acheter quelques kilos afin de faire un nouvel essai (oui, nos poiriers sont encore un peu jeunes). J’ai hâte aussi de tester le jus d’orange pressé, voir, d’autres agrumes, pourquoi pas. Bref, j’ai encore de quoi faire avec ce bel engin qu’est le pressoir à fruits.
Que dire sinon au niveau de ce que je pourrais améliorer ou ce que je ferais différemment :
Broyer les fruits est conseillé par le fabricant. Je pense à juste titre pour optimiser au mieux son pressage. Dans le marc j’avais encore quelques fruits intacts. Pourtant je ne pouvais pas forcer plus sur la barre. C’est donc, je pense, un moyen d’optimisation important. Pour les poires ou les pommes, j’essaierai de les couper en petits morceaux auparavant.
Fixer le support sur une table bien stable. C’est important lorsque l’effort devient plus important. D’ailleurs, je pense qu’avec des fruits broyés, l’effort doit être beaucoup plus faible. Cela ajoute tout de même une étape supplémentaire.
J’essaierais bien de séparer raisins blancs et raisins noirs pour voir si le goût est différent.
Avoir davantage de fruits ! Pour pouvoir en faire plus bien sûr et peut-être stériliser plusieurs bouteilles pour les goûters d’hiver.
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